Introduction
J’ai toujours pensé que la position neutre/naturelle de la glotte était « ouverte ». Comme beaucoup d’apnéistes, lorsque j’ai rencontré des problèmes de fuites au niveau du mouthfill, j’ai supposé que l’une des causes était que ma glotte n’était pas assez « forte » et que je devais specifiquement l’entrainer.
Cependant, il y a deux ans, j’ai découvert quelque chose d’étrange et de contre-intuitif à propos de ma glotte. Il semblait que lors d’une apnée poumon vide au sec, ma glotte restait fermée d’elle-même (sans que je la « maintienne » fermée).
Après plusieurs tests sur moi-même, je me suis rendu compte que la glotte restait également fermée sur des expirations à poumons pleins. A l’inverse, en poumons neutres (FRC), la position naturelle de ma glotte était « ouverte ».
Petite experience
Avant d’aller plus loin, laissez-moi vous détailler précisément comment vous pouvez tester ce phenomene sur vous-même.
- Tout d’abord, vous devez avoir une excellente conscience de votre glotte. Pour la développer, vous pouvez « tousser » très doucement à plusieurs reprises. Jouer avec la « porte » vous aidera à mieux la comprendre.
- Ensuite, effectuez une expiration forcée (videz plus que poumons neutres donc). Fermez votre glotte, relâchez vos muscles abdominaux, relâchez votre langue et éliminez TOUTES les tensions. N’ESSAYEZ PAS DE RETENIR VOTRE RESPIRATION ; voyez simplement ce qui se passe avec votre glotte lorsque vous ne faites « rien » et lorsque vous êtes entièrement passif.
- Vous pouvez faire la même chose en poumons neutres (FRC) et en poumons pleins.
Pour être un peu plus précis sur les tests à poumons pleins et poumons vides : J’ai l’impression que si je ne fais absolument rien, la glotte reste fermée, et « tenir » sa respiration ne nécessite aucune énergie. Cependant, si je produis un tout petit peu d’énergie pour rouvrir la glotte, l’air commence à entrer/sortir, et la glotte reste ouverte.
Ce qu’en pense les experts
Pour m’assurer que ma « sensation » de glotte qui reste fermée lorsque sur mes apnées poumons vides ou pleins n’était pas simplement due à ma folie ou un corp anormal, j’ai demandé à trois apnéistes de repliquer le test :
Nathan Vinski : Nathan est un bon ami, nous avons énormément échangé sur l’apnée, et c’est la personne que je connais qui a le plus de connaissances sur ce sport. Lorsque je lui ai demandé de faire l’expérience sur lui-même, il n’a pas confirmé mon hypothèse sur le moment. Cependant, quelques jours plus tard (il a continué de repliquer de manière indépendante), il était d’accord avec mes observations.
Claire Walsh : Claire détient plusieurs records nationaux irlandais en profondeur. Je lui ai demandé d’être cobaye de l’expérience parce qu’elle est aussi une chanteuse professionnelle. Il est certain qu’elle aurait une meilleure conscience de sa glotte que moi ! J’ai eu un peu de mal à expliquer précisément l' »expérience » (c’était en vidéoconférence pendant la première vague du covid), mais une fois sur la même longueur d’onde, elle a également resenti que sa glotte restait fermée en poumons vides et en poumons pleins. Je lui ai demandé un pourcentage de confiance, et elle était confiante à 100%.
Max Gardien : J’ai fait un workshop de compensation avec Max, et ce gars est une machine en termes de compensation « pure » (exercices à sec) et, bien sûr également dans l’eau. Tout comme Claire, je savais qu’il serait d’une grande aide pour la conscience qu’il peut avoir de sa glotte. Après quelques essais et observations sur lui-même, il est arrivé au même degré de confiance que Claire : Sa glotte restait fermée d’elle-même en poumons pleins et vides, et il en était sûr à 100%.
Interprétation :
Mon interprétation de ces observations est que le facteur principal est la différence de pression entre les poumons et l’environement ambient (pas nécessairement le volume absolu des poumons).
Je base cette interprétation sur une autre expérience que vous pouvez facilement reproduire :
Faites une expiration forcée au delà des poumons neutres. Pendant que vous fermez votre glotte, gardez vos muscles abdominaux engagés (et stables) et essayez de relâcher les tensions de votre glotte : cette fois, la glotte se rouvre d’elle-même.
Le fait que les muscles abdominaux soit engagés maintient l’équilibre entre les poumons et la pression ambiante. Dans ces conditions, la « position naturelle de la glotte » est « ouverte ».
Application :
Si nous examinons une plongée « normale » en utilisant le mouthfill, après la dernière recharge, nous pouvons diviser la plongée en deux parties :
1 : La partie où notre diaphragme garde aisement sa mobilité et où la pression pulmonaire correspond à la pression ambiante :
Nous devons intentionnellement garder notre glotte fermée pendant cette partie car sa position naturelle serait « ouverte ». MAIS nous devons seulement la garder fermée avec peu de force car la différence de pression entre la bouche et les poumons n’est pas si grande (si nous ne surpressurisons pas la cavité orale).
2 : La partie de la plongée a partir de laquelle le diaphragm se deplace avec plus de difficulté et la pression pulmonaire commence à être « en retard » par rapport à la pression ambiante :
Pendant cette partie de la plongée (qui constitue la dernière phase de la descente), la position naturelle de la glotte devient « Fermée. » Malgré une différence de pression accrue entre la bouche et les poumons, nous n’avons donc pas besoin de générer de tensions sur la glotte pour maintenir l’air dans notre bouche (sauf si nous avons besoin de beaucoup de pression pour ouvrir les trompes d’Eustache, sujet sur lequel nous reviendrons dans un article ultérieur).
Je vous suggère de vous concentrer sur le deuxième point : rappelez-vous que plus vous allez profond, moins vous avez besoin de compenser frequement. Cela signifie que vous pouvez être complètement PASSIF entre deux compensations. Essayer de garder le mouthfill avec force ne fera que générer des tensions inutiles et augmenter la fuite. Vous pouvez ainsi laisser votre glotte en paix et la laisser faire le travail pour vous.
Pour aller plus loin
Si vous voulez RESENTIR l’application de cet article dans vos plongées, il existe un exercice simple que vous pouvez faire. Je l’utilise sur mes élèves depuis deux ans, et il y a de fortes chances qu’il améliore radicalement le confort et l’efficacité de votre mouthfill.
Consultez cet article pour le découvrir :
Mouthfill : Faites la paix avec votre glotte.