fbpx

Quel est le bon moment pour apprendre le mouthfill ?

Introduction

En discutant avec des plongeurs expérimenté ou bien au travers des interview, je remarque souvent une certaine « réticence » à l’enseignement du mouthfill. On entend souvent des phrase du type « tu n’a pas besoin du mouthfill pour aller à XXm », ou bien « c’est trop tôt pour apprendre le mouthfill » certains instructeurs refusent même de l’enseigner en détail pendant un AIDA4 estimant qu’il est plus « pénalisant » qu’autre chose… Si je peux quelque part « comprendre » ce type de réflexions, je trouve qu’elles sont souvent énoncées maladroitement avec un effet presque risible faisant penser à ces « grand maitre » plein de mystère qui face au héro au début du film diraient « il n’est pas prêt » sans plus d’explication.
Je vais donc essayer de discuter avec vous logiquement comment identifier le moment opportun pour apprendre cette technique de compensation et pourquoi l’apprendre trop tôt est susceptible de vous pénaliser plus qu’autre chose. Je vais par ailleurs partir du principe (qui n’a bien sur rien d’obligatoire) que vous cherchez à progresser dans votre pratique de l’apnée.

Qu’est-ce que le mouthfill ?

Le mouthfill est une stratégie de compensation. Elle consiste à transférer une grande quantité d’air dans sa bouche en début de plongée (entre 10m et 30m de profondeur généralement) et d’utiliser cet air (et uniquement cet air) pour compenser sur tout le reste de la plongée. C’est une stratégie puissante don l’avantage principale est d’éliminer tout transfert d’air entre les poumons et la bouche après avoir dépasser la profondeur correspondante à notre volume résiduel.

Le mouthfill est-il difficile à apprendre ?

L’apprentissage et la maîtrise du mouthfill est quelque chose de complexe, il fait appel au contrôle de muscles que nous n’avons pas l’habitude de solliciter de manière consciente, il nécessite également une total maîtrise de ce qui se passe dans notre bouche dans la mesure ou au fur et a mesure que le volume d’air disponible se réduit il faut adapter les mouvements de la langue et des joues pour continuer d’être capable de pressuriser cet air tout en gardant le voile du palais en position neutre. J’ai conscience qu’énoncé comme ca, cela peut sembler compliqué. Et soyons claire, ce sera probablement compliqué au début. Mais ce n’est pas non plus « très compliqué », en fait pour peu que vous commenciez par pratiquer quelques exercices, si vous y mettez toute votre attention durant vos plongées la technique en elle-même viendra assez vite. Bien sur elle sera toujours perfectible et une maîtrise totale prendra des années de pratique mais l’apprentissage d’une base efficace n’a en soit rien de sorcier.

Pourquoi tant d’apnéistes rencontrent des problèmes dans l’apprentissage du mouthfill ?

Comme je l’ai expliqué ci dessus, l’apprentissage du mouthfill requiert que vous soyez capable d’y mettre toute votre attention durant vos plongées. Pour cela, il faut que vos plongées sans mouthfill soient déjà complètes et parfaites. Canard, orientation de la ligne, position du corps, palmage, timing de freefall, position de freefall, détente pendant la freefall, virage… Tous ces éléments de base qui composent une plongée doivent non seulement être maîtrisés mais doivent aussi être réalisés en « pilote automatique », l’esprit vide et sans nécessiter une quelconque concentration de votre part. Si vous n’êtes pas 100 % en pilote automatique lors de vos plongées, vous ne pourrez tout simplement pas vous concentrer pleinement sur votre mouthfill et de « difficile acquérir », cette nouvelle technique deviendra « très difficile à acquérir » et là vous risquez de rencontrer de sérieux blocages et de perdre énormément de temps dans votre progression. Oui il y a bien un « ordre » dans lequel apprendre et cet ordre n’est pas juste là pour vous embêter, il est surtout là pour faciliter votre progression. Le mouthfill fait bien partie de ces choses à apprendre en dernier et l’apprendre trop tot est la source numéro 1 des difficultés généralement rencontré dans l’acquisition de la technique.

Que ce passera-t-il si je tente d’apprendre le mouthfill trop tot ?

Au début, en plus d’être complexe le mouthfill peut-être particulièrement inconfortable. Cela prendra du temps et de nombreuses plongées pour le rendre vraiment agréable. Si vous l’apprenez trop tot, votre manque de relaxation (potentiellement lié à une technique trop perfectible) s’ajoutera de manière exponentielle à cette nouvelle sensation et vos plongées risquent de devenir une expérience négative en terme de plaisir. De cette expérience négative naîtra des tensions et une frustration qui vous pénaliseront d’autant plus pour vos plongées future et vous risquez d’entrer dans un cercle vicieux potentiellement sans fin. Apprendre le mouthfill trop tot, cela peut revenir à vouloir apprendre à sauter alors que vous savez à peine marcher : vous ne risquez pas de trouver ca très rigolo et cela risque de vous « traumatiser » plus qu’autre chose. Pour ma part j’ai clairement appris le mouthfill trop tot dans mon parcours, je n’étais pas encore en « pilote automatique » dans mes plongées et l’apprentissage du mouthfill s’est avéré être une expérience particulièrement désagréable qui m’a pris énormément de temps a rendre acceptable puis agréable. Pendant tout ce temps, je n’ai jamais vraiment été capable d’augmenter mes résultat de manière satisfaisante et ce n’est qu’un changement d’attitude et de philosophie vis à vis de l’apnée en général et de la compensation en particulier qui ont permis de me « débloquer ».

Alors, quel profondeur faut-il être capable de faire en Frenzel avant d’apprendre le mouthfill ?

C’est généralement la manière don sont présenté les choses et personnellement je n’en suis pas fan… Pour tout de même répondre partiellement à cette mauvaise question mal posé, au risque d’en choquer certain ma réponse serait 30m. Pourquoi 30m ? parce que si vous êtes neutre à 10m, cela veut dire que vous avez déjà environ 10 secondes de freefall et que vous faites donc déjà des plongées « complètes ». Mais comme je l’expliquais, je pense que c’est une mauvaise question… En effet, plus qu’une profondeur c’est surtout votre attitude et la qualité de vos plongées en terme de relaxation qui compte. En fait si vous êtes « bloqués » à 30m et voulez apprendre le mouthfill pour pouvoir aller plus profond alors vous n’êtes absolument pas prêt et vous devriez chercher à augmenter la qualité de vos plongées et votre relaxation (en étant détendu, le frenzel vous emmènera facilement à 40m). A l’inverse si vous plongez de manière parfaitement détendue à 30m et voulez apprendre le mouthfill par curiosité et étendre votre savoir pour favoriser votre progression à long terme alors vous n’aurez aucun problème et il n’est absolument pas trop tot pour commencer à pratiquer cette nouvelle technique. Dans la même idée enfin, même si vous êtes capable de plonger à disons 45m en frenzel mais que ces plongées sont toujours en « mode challenge » et que vous ne profitez pas pleinement de vos freefall, vous n’êtes toujours pas prêt pour apprendre le mouthfill dans des bonnes conditions et améliorer la qualité de vos sensations doit devenir votre priorité, le mouthfill viendra ensuite.

Pourquoi apprendre le mouthfill alors ?

Il est parfaitement possible de plonger à plus de 70m sans mouthfill et vouloir apprendre le mouthfill uniquement pour augmenter sa profondeur n’est pas nécessairement le meilleur point d’entré à avoir. Pourtant, le mouthfill reste une technique de compensation indispensable à maîtriser pour tout apnéiste sérieux dans sa pratique. En effet, c’est la technique qui (à relaxation et technique générale égales) limite le plus le risque de blessure. De plus si sa pratique peut sembler désagréable et peu naturelle au début, je vous assure qu’à avec de la pratique éliminer les transfert d’air entre vos poumons et votre bouche rendra vos plongées tellement plus agréables et vous serez naturellement à même d’augmenter votre profondeur en toute détente. Et oui, au final, une compensation en mouthfill maitrisée et agréable vous permettra donc bien de plonger plus profond.

Conclusion

S’en remettre à une profondeur pour décider du bien-fondé d’apprendre le mouthfill n’a pas vraiment de sens, ce qui compte le plus est que vous soyez capable d’y dédier 100 % de votre attention. 30m me semble être néanmoins un minimum dans la mesure où si vous plongez moins profond, cela signifie qu’il vous reste d’autres compétences à acquérir en priorité. Ne pas suivre cet ordre d’acquisition des compétence et apprendre le mouthfill trop tôt encombrera votre esprit durant vos plongées et l’ensemble de votre plongée s’en retrouvera pénalisé. Si vous avez trop de choses à penser, vous ne pourrez en réaliser aucune correctement. En revanche si vous apprenez le mouthfill au bon moment et dans des bonnes conditions vous limiterez les risques de stagnation et conserverez le plaisir dans la pratique de votre sport favori.