Bon la relaxation c’est super important en apnée, jusque là tout le monde est d’accord et je ne vous apprend rien…
Néanmoins, ce que vous ne savez peut-être pas c’est qu’il existe dans le monde de l’apnée deux définitions, deux visions drastiquement différentes de la définition même de relaxation. Je vais ici faire de mon mieux pour vous présenter ces deux visions. La première définition est la plus communément partagée et vous semblera certainement familière. La 2e est encore très peu diffusée mais constitue à mon sens l’avenir du sport.
La relaxation c’est la gestion du stress
Cette première définition est comme je le mentionnais la plus fréquente, elle consiste à partir du principe qu’il y a ou qu’il peut y avoir une situation stressante et la relaxation est ce qui arrive lorsque l’on est capable de rester calme, concentré et en parfaite maîtrise de soi face à cette situation. Il s’agit donc de ne pas se laisser submerger par ses émotions et d’éventuelles stimulations négatives pour limiter (voir faire complètement disparaître) les symptômes de stress. Dans le cadre de cette définition, la relaxation peut donc être atteinte a l’aide de différentes techniques avec lesquelles vous êtes probablement déjà plus ou moins familiers. Ces techniques vont vous permettre de mettre ces stimulations stressantes dans une « petite boîte » pour plus ou moins limiter leur impact pendant les plongées. En ce sens, la relaxation est clairement une compétence qui peut être travaillée.
La relaxation c’est l’absence de stress
Cette seconde définition suppose que la relaxation « n’existe pas ». Plus précisément étant définie par l’absence de stress, il est impossible d’être « plus » relaxé mais uniquement “moins stressé”, moins “tendu”. Cette définition suppose donc qu’il n´y a pas de « bouton de la relaxation », c’est-à- dire qu’il est impossible à un instant T de faire quoi que ce soit pour être « plus » relaxé puisque par définition essayer de « faire » quelque chose est contradictoire avec la notion de relâchement / relaxation. La seule option étant d’avoir au préalable enlevé ou transforme les stimuli négatifs pour faire en sorte qu’ils n’arrivent jamais (le rôle de l’entraînement). La relaxation se produisant ainsi naturellement et passivement. Les partisans de cette définition estiment donc que la relaxation est surtout le fruit d’un contexte et non d’une action que l’on peut effectuer à un instant T. Au niveau de la scène internationale, Nathan Vinski exprime clairement cet opinion (c’est à lui que j’ai emprunté l’expression il n’y a pas de bouton de la relaxation). On retrouve également Aharon Solomons qui defend ce point de vu dans un episode de freedive cafe (1h18 et 30secondes). C’est enfin la vision que je défend dans mon Ebook « Non, Vous n’avez pas de problème de compensation » toujours en accès libre.
Petite analogie
Pour être un peu plus explicite, nous pouvons mettre en avant un exemple « fictif » tiré de la vie quotidienne. Nous reviendrons ensuite sur notre sujet principal, l’apnée.
Imaginons que vous ayez des insomnies et des cauchemars fréquents. Vous identifiez ces problèmes de sommeil comme étant causés par des rapports conflictuels avec un collègue de travail.
Option 1 : Vous vous mettez à la méditation, au yoga et effectuez des séances de sophrologie. Vos rapports avec votre collègue sont toujours aussi stressants mais vous arrivez mieux à les supporter. Petit à petit vos nuits s’améliorent et vous retrouvez le sommeil.
Option 2 : Vous prenez contact avec votre hiérarchie et/ou entreprenez de remettre à plat les relations avec votre collègue lors d’une conversation franche. Les tensions s’apaisent, vos rapports se normalisent. Petit à petit vos nuits s’améliorent et vous retrouvez le sommeil.
Dans les deux cas vous retrouvez donc le sommeil parce que vous êtes plus détendus, plus relaxé. Mais dans l’option 1, les stimuli de stress sont toujours présents et vous avez appris à « faire avec ». Dans l’option 2 les stimuli de stress ont disparu. La définition de ce qu’est la relaxation est donc bien différente dans les deux situations.
La vie c’est compliqué…
Ce qui est compliqué dans la vie de manière très générale c’est que nous faisons constamment face à des situations ou stimulations stressantes qui sont susceptibles de nous empêcher de trouver le sommeil. Cependant il est parfois difficile de décider quoi faire de ces stimulations stressantes : les accepter et apprendre à « faire avec » (option 1) ou les supprimer/transformer (option 2, avec tout le travail, temps, patience ou prise de décisions radicales que cela peut parfois nécessiter). Il y a fort à parier que vous connaissez quelqu’un dans votre entourage qui reste « bloqué » dans une situation parce qu’il a fait le choix de gérer le stress existant (rester dans une relation toxique par exemple) alors que de l’extérieur il semble évident que la meilleur chose a faire est de couper la source de stress. Parfois couper la source de stress implique un saut dans l’inconnu qui semble encore plus stressant au premier abord et nous préférons donc gérer le stress existant qui a l’avantage d’être familier. Parfois, enlever le stress nous semble tout simplement impossible et complètement utopique. Parfois, gérer le stress existant est la seule et unique chose a faire pour continuer de vivre / survivre convenablement (événements inévitables auxquels il faut faire face). Savoir choisir quel type de comportement adopter pour trouver une forme d’apaisement n’a rien de facile et nous nous “trompons” probablement souvent dans nos attitudes. Néanmoins, j’espère que nous sommes d’accord pour dire que lorsque ce choix nous apparaît comme possible, la 2e option, c’est à dire celle d’enlever le stress reste préférable à long terme. C’est du moins mon opinion.
Pour en revenir à l’apnée
Personne ne vous oblige à pratiquer l’apnée, extrêmement peu de personnes ne vivent grâce à leur performance en apnée (et soyons honnêtes, vous ne faites probablement pas partie des rares élus). Peu importe votre vie vous avez probablement assez de situations de « gestion de stress » sur les épaules et il n’y a absolument aucun intérêt à vous en rajouter dans vos loisirs! Conséquence ? Rien ne vous oblige à vous infliger ce stress et donc rien ne vous oblige à le gérer pour l’apnée. A mon sens la seule définition de la relaxation qui vaille dans le contexte de l’apnée est donc la seconde définition. Votre entraînement à l’apnée doit ainsi viser à supprimer les stimuli négatifs qui peuvent apparaître pendant une plongée et non viser à mieux les gérer. Pour cela, vous devez chercher à effectuer des plongées avec un haut niveau de qualité et de confort qui vous permettront d’être mécaniquement relaxé (définition 2) pour la suivante. Formulé comme cela, les choses peuvent sembler simples mais soyons claire, s’entraîner avec cette approche est finalement assez complexe. Cela nécessite plus de réflexion et de connaissances pour comprendre l’ensemble des sources de stress que vos plongées et votre entraînement peuvent générer et l’aide d’un coach qui comprend cette approche n’est certainement pas de trop. Cette approche reste néanmoins la seule qui vous garantira une progression saine et durable à l’abri des aléas émotionnels et des grosses variations de performances que l’on a parfois du mal a comprendre lorsque l’on adopte (volontairement ou non) une approche d’entraînement basée sur la gestion du stress.
Pour avoir un bref aperçu de ce que peut donner un entraînement basé sur l’annihilation du stress, je vous recommande de tester le statique 1 contraction tel que je le décris dans cet article. Je publierais par ailleurs ultérieurement un article pour expliquer LE principe de base à respecter pour quiconque souhaitant mettre en œuvre cette approche dans son entraînement.