Après avoir suivi mon second cours d’apnée et avoir appris les volumes pulmonaires, ma compréhension du volume résiduel en apnée était la suivante :
“Le volume résiduel est la taille minimale des poumons. A partir de la profondeur du volume résiduel, l’air dans les poumons cesse de réduire en volume et le c’est le bloodshift qui vient protéger l’organe de la respiration.”
Cette description comporte des erreurs issues de raccourcis pris pour argent comptant. Si ces erreurs ne vous semblent pas évidentes, je vous suggère de lire l’article qui suit.
Un concept “médical” avant tout
Tout d’abord, il convient de préciser que les notions de volumes pulmonaires (CRF, VR, CPT…) sont antérieures à l’apnée qui les a bien sûr empruntés à la médecine. Ils représentent donc des termes médicaux correspondant à des conditions de pression, de ventilation et de relachement “normales”.
Dans ce cadre, la définition médicale du volume residuel est : “la quantité d’air restant dans les poumons apres une expiration forcée”
Les muscles qui permettent une expiration forcée sont les muscles abdominaux qui lors de leur contraction poussent le diaphragme et compriment les poumons (produisant l’expiration).
Ainsi la limite d’une expiration forcée est notament donnée par la limite d’une contraction abdominale. Néanmoins, cela ne veut pas dire que le diaphragme ne peut pas etre poussé plus haut et continuer à comprimer les poumons. Cela veut juste dire qu’il ne peut pas etre poussé plus haut par l’action des muscles abdominaux.
Le volume résiduel en apnée
En apnée, nous voulons éviter toutes tensions et toutes contraction inutiles. Cela tombe bien, la pression externe de l’eau augmente constamment au cours de la descente et vient donc pousser le diaphragme a la place de nos muscles abdominaux qui peuvent (et doivent) rester relâchés. Ainsi sous l’effet de la pression hydrostatique le diaphragme peut être poussé au-delà de sa position qui correspond au volume résiduel d’un point de vue médical.
Ainsi, le concept purement « médicale » du volume résiduel n’a pas vraiment de sens lors d’une immersion en profondeur et la seule situation dans laquelle ce concept peut être réellement utile est dans le cadre de ceux qui choisissent de charger / recharger leurs mouthfill par contraction abdominale.
« volume résiduel d’apnée »
Pourtant, nous sommes beaucoup à avoir fait l’expérience du volume résiduel en terme de compensation en frenzel : A titre personnel, je me souviens que lors de mes début, à 27m de profondeur je n’avais plus d’air dans la bouche pour compenser et je devais alors faire demi tour : par rapport à mes cours d’apnée, cela correspondait bien a mon volume résiduel « médical » (ou théorique). Mais pour certaines personnes, ce phénomène se produit dès 10/20 m alors que pour d’autres peuvent continuer à frenzel normalement au-delà de 40m.
Ce qui explique cette différence (toutes choses égales par ailleurs), ce sont les tensions abdominales qui “retiennent” le diaphragme. Pour vous en rendre compte, vous pouvez effectuer à sec la manoeuvre suivante :
Contractez les abdominaux (comme si vous vous attendiez à ce qu’on vous mette un coup de poing dans le ventre) et effectuez une série de compensation en frenzel tout en laissant s’échapper un peu d’air par une narine à chaque compensation. Vous constaterez assez rapidement qu’il n’y a plus d’air disponible pour compenser. Relâchez les tensions abdominales et reprenez les compensations (toujours en laissant de l’air s’échapper) : finalement il y avait bien de l’air de disponible.
Bien sûr, dans l’eau les tensions abdominales sont rarement aussi grandes mais elles restent à même de grandement affecter la mobilité passive de votre diaphragme et donc d’affecter ce que nous pouvons appeler notre « volume résiduel d’apnée ». Notre « volume residuel d’apnée peut se situé bien plus profond ou bien plus proche de la surface que notre « volume residuel medical » et depend principalement de notre adaptation à la profondeur et de la qualité de notre entrainement.
Et une fois que le diaphragme ne peut plus remonter alors ?
Par le biais de techniques de compensation avancées, il reste possible de plonger au-delà « volume residuel d’apnée » (point de remonté maximal du diaphragme). Néanmoins, l’air de nos poumons ne s’arrête pas de rétrécir pour autant. C’est cependant la manière dont l’air est compressé qui va changer. C’est là que le bloodshift entre en action (meme si cela va commencer avant). En gonflant les capillaires de sang, l’air des poumons va continuer à être compressé et ainsi diminuer de volume. Cela va avoir pour effet de maintenir l’équilibre de pression entre l’eau environnante et l’air des poumons protégeant ainsi notre cage thoracique.
En résumé
Le volume résiduel tel qu’il est défini médicalement ne correspond en rien au volume d’air minimum de nos poumons en apnée. Chez un apnéiste entraîné, la mobilité passive du diaphragme va permettre de continuer à compresser l’air sous l’effet de l’augmentation de la pression externe. Même passé le point de mobilité maximale du diaphragme, le volume d’air des poumons va continuer à se réduire sous l’effet du bloodshift.
Quelle utilité ?
Une meilleure compréhension théorique de l’apnée peut toujours nous aider dans notre entrainement. Dans mon cas, une meilleure compréhension de ce concept m’a donné la confiance nécessaire pour adopter une stratégie de compensation non traditionnelle lors de laquelle je recharge mon mouthfill au delà de mon « volume résiduel médical » mais toujours moins profond que mon « volume résiduel d’apnée ». Cependant, avant de commencer à jouer avec ce type de stratégie, assurez-vous d’inclure des séances d’adaptation à la pression dans votre entraînement et de ne faire que ce qui vous semble approprié et confortable pour etre certain de ne pas mettre votre integrité physique en danger.