Une fois que tous les cours d’une formation classique d’apnée sont terminés, de nombreux apnéistes (y compris des moniteurs) veulent continuer à améliorer leurs résultats mais n’ont pas nécessairement les outils adéquats pour le faire : cela peut conduire à des erreurs qui peuvent être contre-productives. Un exemple très classique et courant est celui du « Temps de plongée »…
Introduction
Nous avons tous entendu ce genre de choses : « vous devriez plonger à 1 mètre par seconde » , « mon temps de plongée est bon » , « vous êtes trop lent » .
Ces déclarations ne sont pas nécessairement fausses en soi, mais elles peuvent conduire à des comportements absurdes où les plongeurs « sprintent » pour avoir un « meilleur » temps de plongée.
Seules deux choses comptent réellement : votre relaxation et votre technique. Bien sûr, il existe un lien étroit entre ces éléments. Examinons les différentes possibilités et voyons pourquoi, dans tous ces scénarios, le temps de plongée ne devrait pas être votre préoccupation.
Vous avez une bonne relaxation avec une technique mediocre (ou perfectible).
Il est certain que vous aurez un « mauvais » temps de plongée naturel, mais si vous vous concentrez sur le fait d’aller plus vite, vous finirez par sprinter, vous perdrez beaucoup de relaxation en cours de route et vous ne progresserez pas vraiment. Vous pouvez alors vous retrouver avec un « bon » temps de plongée mais avec une qualité de plongée très médiocre en termes de technique ET de relaxation. Dans ce cas, essayer « d’améliorer » votre temps de plongée vous fait donc régresser. Ce dont vous avez besoin, c’est d’améliorer votre technique.
Vous avez une bonne technique mais une mauvaise (ou perfectible) relaxation:
Dans ce cas, vous avez très probablement un « bon » temps de plongée mais vous êtes encore limité dans votre progression. Ici, je vous suggère d’analyser dans quelle mesure votre technique est « automatique » : si elle vous demande beaucoup de concentration pour appliquer tout ce que vous « devriez » faire, vous n’avez probablement pas assez de pratique et vous avez besoin de plus de répétitions à une profondeur plus faible (où vous pouvez répéter de nombreuses plongées dans la même session) pour amener cette technique à un niveau entièrement automatique. L’autre cause possible (très liée à la première) est une mauvaise approche de l’entraînement qui vous met en « mode challenge » lorsque vous voulez accomplir une plongée « profonde ». Si votre entraînement ne vous donne pas la confiance nécessaire pour effectuer convenablement une plongée : plongez moins profond et/ou modifiez votre entraînement.
Mauvaise (ou perfectible) technique avec mauvaise (ou perfectible) relaxation:
Si vous êtes dans cette situation, vous risquez fort d’être limité par l’hypoxie (ou vous êtes sur le point de l´être). Là encore, vous pouvez vous concentrer sur un « meilleur » temps de plongée et plonger plus vite pour éviter la samba mais vous perdrez encore plus de relaxation en cours de route (surtout avec une technique inefficace) et votre problème restera. Encore une fois, se concentrer sur le temps de plongée est tout simplement absurde.
Bonne technique avec une bonne relaxation :
Il n’y a pas grand chose à dire ici, sauf « continuez ! » N’oubliez pas qu’une bonne technique un jour ne signifie pas qu’elle restera bonne pour toujours ; tout le monde a besoin de pratique ! Vous pouvez toujours inclure une séance pour la conserver et la rendre encore plus « automatique » : elle vous aidera également à atteindre le niveau de relaxation suivant (qui peut toujours être amélioré)
Quelques précisions
Avant de terminer, je voudrais être un peu plus précis sur les termes de « relaxation » et de « technique » et sur la façon de juger si elles sont « bonnes » ou « mauvaises » (ce n’est pas toujours facile)
La relaxation :
La règle numéro 1 en matière de relaxation est qu’elle peut toujours être meilleure ! Le problème est qu’il est très difficile de juger de son propre niveau de relaxation car nous avons tous une échelle différente basée sur nos expériences antérieures : j’ai peut-être considéré que pour ma dernière plongée ma relaxation était de 10/10 (et donc ne pouvait pas être meilleure) mais si Guillaume Nery avait plongé avec le même niveau de relaxation il l’aurait jugé comme un 6/10… Supposez toujours qu´elle peut être meilleure ! En général, faites confiance à votre entraîneur / binôme expérimente / instructeur s’il vous dit que vous pourriez être plus détendu : c’est généralement quelque chose de très facile à voir avec un peu d’expérience.
La technique :
Je l’ai déjà mentionné un peu plus tôt, mais en plus d’être bonne ou perfectible, une grande partie de votre technique est votre capacité à l’exécuter « automatiquement », sans vous en soucier : cela demande de la pratique, de la pratique et de la pratique ! Ne supposez pas non plus qu’une fois que votre technique est « bonne », elle restera toujours bonne : nous en perdons tous un peu avec le temps et il est donc important de la pratiquer régulièrement. Juste pour s’amuser : la prochaine fois que vous rencontrez un musicien professionnel, demandez-lui ce qui se passe s’il ne pratique pas son instrument pendant une semaine entière ! Il n’y a aucune raison que la réponse que vous obtiendrez ne s’applique pas aussi a nous, apnéistes !
Conclusion
Le temps de plongée n’est qu’un indicateur numérique, un indicateur qui peut être utile pour juger de votre technique mais comme la plupart des indicateurs, s’il devient votre objectif, vous en perdrez le l´utilité. Si pour une plongée spécifique vous avez l’impression de devoir choisir entre technique et relaxation : choisissez toujours la relaxation et n’hésitez donc pas à sacrifier le temps de plongée : assurez-vous simplement de prévoir de l´entrainement qualitatif pour que vous puissiez atteindre un bon niveau dans les DEUX domaines la prochaine fois que vous voudrez effectuer la même plongée.